samedi 12 septembre 2009

UTMB 2009 - Récit de François


Bon courage à moi !
Chamonix 18h25,
nous (Edouard, Dominique, Patrick et moi-même) sommes sur la ligne de départ. La pression monte. A côté de nous, une anglaise (mignonne pour une anglaise !), 2 portugais (Edouard fait une photo avec eux), des espagnols, des italiens. Un peloton cosmopolite. Comme convenu, nous nous serrons longuement les mains en nous promettant d’arriver tous à Chamonix mais chacun sa course.
Le départ libérateur est enfin donné. Le public est nombreux et enthousiaste. Ce sera constant pendant la course : des gens souriants et qui nous encourageront sans relâche. Quelles sensations de traverser Chamonix entre une triple haie de spectateurs de chaque côté. La densité du peloton fait que l’on se perd de vue rapidement mais qu’importe puisque nous n’avons pas prévu de faire course commune. Il se passe 7 minutes avant que je puisse courir.
A la sortie de Chamonix, je rattrape Edouard. Je reste avec lui. C’est tout de même rassurant d’avoir un visage familier à côté de soi.
Arrivent Les Houches.
Nous apercevons Sophie et Mireille sur le bord de la route. Première ascension. Nous y sommes vraiment. Nous sortons les bâtons et c’est parti. Nous dépassons les époux Chartier des bipèdes de Saint Cyr, Didier et Maryse (qui est en train de bricoler dans le sac de Didier) puis un peu plus loin Jacky.
La nuit commence à tomber et avec elle la fraîcheur. Il va falloir que je change mon tee-shirt qui est complètement trempé. Avant la descente sur Saint Gervais, nous apercevons Dominique qui se change. Nous nous arrêtons et faisons de même. Je profite de la serviette que Dominique a emmené pour m’essuyer, surtout les fesses. J’ai tellement transpiré dans cette première montée.
Première descente. C’est toujours aussi pénible mais j’ai l’impression d’être mieux que l’année dernière. L’arrivée à Saint Gervais premier ravitaillement avec son public chaleureux et nombreux est très agréable. Pour éviter de se perdre, nous décidons de nous retrouver à gauche à la sortie du ravitaillement.
Après la passerelle mise en place pour permettre aux concurrents de traverser une route, nous revoyons Sophie et Mireille. Nous leur demandons des nouvelles de Patrick. Il est passé il y a 46 minutes. Merci les filles !
Direction Les Contamines. Dominique joue la locomotive. Je trouve que cela va trop vite. Je lève le pied et les laisse partir. Qu’importe, je les retrouve peu de temps après à la faveur d’un ralentissement.


Les Contamines.
Le speaker annonce que le premier est passé au refuge de la Croix du Bonhomme. Il est 23h17. Il a 13,5 kms d’avance sur nous.
Entre les Contamines et Notre Dame de La Gorge, le parcours est relativement plat. Nous courrons. Quelques gouttes de pluie volent. Petite inquiétude. Nous arrivons à Notre Dame de La Gorge. Un des endroits les plus beaux pour moi. Cette route avec les petites chapelles de chaque côté, la grande Chapelle, la grotte éclairée, le public nombreux.
On attaque la lente montée vers le col du Bonhomme. Direction la Balme en passant par Nant Borrant. C’est un parcours que j’aime bien. Il est relativement court. Il y a une grosse ambiance à Nant Borrant. Beaucoup de jeunes qui nous encouragent sans ménagement. C’est aussi la fête pour eux. Ils ont fait un feu et agitent les grosses cloches savoyardes.
Nous arrivons à La Balme.
Un ravitaillement chaleureux avec un immense feu de camp. Beaucoup de concurrents se trouvent autour et font sécher pour certains leurs affaires. Une concurrente portugaise nous demande en nous montrant la carte de l’itinéraire où nous sommes. Cela tombe bien, Edouard peut jouer le guide. Je pensais qu’elle était espagnole car j’avais cru comprendre « Donde estamos ? »
Il est minuit. Nous repartons. A partir de maintenant, on attaque du sérieux. Derrière ce sont le col du Bonhomme, la Croix du Bonhomme, la descente sur Les Chapieux (2 chutes l’année dernière), le col de la Seigne, la descente vers le lac Combal, la montée de l’arête du Mont Favre et la descente infernale (qui m’avait fait très mal l’année dernière) vers Courmayeur.
La longue procession des concurrents s’étale sur le chemin. C’est joli en se retournant de voir au loin le feu au ravitaillement de la Balme et le long serpentin des frontales. On sait pourquoi nous sommes venus. Par contre, ce qui est moins réjouissant, ce sont les frontales dans la montagne devant. Il faut monter jusque là haut ! Plus on monte, moins on a de visibilité ! C’est le brouillard ! Comme en voiture, le plus dur est pour celui qui est devant. Derrière, nous n’avons qu’à suivre. Par moment, il est nécessaire de s’arrêter pour s’assurer du chemin et trouver la rubalise suivante. Ce brouillard avec le faisceau de la frontale nous renvoie un écran lumineux blanc. Cela promet pour la descente !
Nous passons le col et la Croix du Bonhomme.
Place à la descente. Nous convenons de bien rester ensemble. On entend par ci par là des appels de concurrents qui visiblement se sont écartés du chemin. D’ailleurs nous en voyons qui arrivent à droite, à gauche. Nous arrivons tant bien que mal à rester sur l’itinéraire. La fin de la descente est agréable. Le chemin est large, couvert d’herbes ce qui amortit les chocs et la pente relativement douce.
Les Chapieux.
Cette descente que je redoutais tant compte tenu des conditions climatiques s’est bien déroulée. On se ravitaille. Je prends mon énième morceau de fromage (à chaque ravitaillement cela aura été coca + soupe + pain + fromage). Il est vrai que leur fromage est excellent.
La montée vers le col de la Seigne commence par une route jusque la ville aux glaciers où on prendra un chemin. Ce n’est pas la partie la plus agréable. Dominique me donne l’impression d’avoir un petit coup de moins bien. Edouard paraît en pleine forme et prend quelques longueurs d’avance. Re brouillard sur la fin de la montée mais celle ci est moins technique. Un nouvel invité : le vent qui est froid. On dépasse quelques concurrents qui se sont arrêtés pour reprendre des forces. En plein vent avec le froid qu’il fait, cela ne me paraît pas raisonnable. A l’un d’entre eux, je lui dis de ne pas rester là et de repartir.
Le jour s’est levé.
J’ai été surpris de la vitesse à laquelle il s’est d’ailleurs levé. On peut éteindre nos frontales. On passe le col. Il fait très froid. On bascule avec Dominique tout de suite dans la descente jusqu’au lac Combal. Je pensais qu’en descendant, on arriverait à s’abriter du vent. Eh bien non !
Nous arrivons au lac Combal.
Je ressens une dizaine de mètres avant le ravitaillement une douleur au bas du tibia gauche. Je n’en fais pas trop de cas puisque c’est aussitôt l’arrêt lié au ravitaillement et cette douleur cesse aussitôt. Nous ne voyons pas Edouard. Visiblement, il a creusé l’écart depuis Les Chapieux et doit être reparti.
Au moment de poursuivre, notre Edouard arrive. En fait au col de la Seigne, il s’est arrêté pour mettre un vêtement supplémentaire. Pendant ce temps, nous sommes passés et l’avons doublé sans le savoir. Je me couvre aussi car il fait très froid bien que je sache que je risque d’avoir chaud dans la montée de l’arête du Mont Favre.
Nous repartons. La douleur revient. Le parcours est plat. Nous décidons de marcher pour laisser le temps à mon corps de s’adapter et à la douleur de disparaître. Nous attaquons l’arête du Mont Favre. Je n’ai pratiquement pas mal dans cette montée. Nous montons mieux que nous descendons. Même si le passage d’un sommet ou d’un col est un moment de satisfaction après avoir vaincu une difficulté, cela signifie par contre d’autres difficultés liées à la descente. J’éprouve toujours de la lassitude dans ces longues descentes.
Cette descente s’avère plus difficile que je ne pensais. La douleur au tibia se fait de plus en plus présente et gênante. J’ai mal deux pas sur trois.
Tant bien que mal j’arrive à Chécrouit.
Je commence à réfléchir et à penser au scénario catastrophe c’est à dire abandonner. Je fais un bilan très rapide. J’ai mal depuis 15 kms. C’est douloureux au toucher et c’est enflé. Il reste 90 kms. Edouard me dit qu’on reste ensemble. Je les ai déjà retardé dans cette dernière descente. Cela ne sert à rien de continuer sauf de faire des c…….s. Je leur dis de partir. J’en pleure presque.
Ce ravitaillement n’est pas un poste de secours. Je ne peux pas être ramené à Courmayeur sauf à attendre que le dernier passe. J’avertis par téléphone Sophie car il faut penser à pouvoir rentrer cet après midi d’autant que les filles doivent venir nous voir à Champeix. Je reprends ma descente vers Courmayeur cahin caha. Pour ne pas gêner les autres concurrents je m’écarte dès qu’il y en a qui arrivent derrière moi.
Je n’irai pas au delà de Courmayeur comme l’année dernière. Pour qui vais je passer ? Un blaireau ! Pendant cette descente, différente et plus agréable que celle de l’année dernière, j’essaye de ressentir des signaux positifs de mon corps. Tiens sur ce pas là, je n’ai pas eu mal. Peut être que … Fausse joie, la douleur est plus forte sur le pas suivant.
J’arrive à Courmayeur beaucoup plus frais que l’année dernière mais je m’arrêterai là. Les spectateurs nous encouragent, nous félicitent. J’en ai presque honte car moi, j’arrête. Jean et Muriel Taris sont là. Quelques échanges et je rentre dans la salle où je retrouve mes deux compères. Je donne mon gobelet à un concurrent qui a perdu le sien.
Je me change et mange. Je croise Didier qui me paraît bien. Je passe au poste médical qui trouve préférable que je m’arrête. La jambe est enflée. Je rends mon dossard. C’est fini. Direction la navette pour Chamonix via le tunnel du Mont Blanc.
René Bertrand vient me chercher à Chamonix. Bière, douche. On regarde sur le site la progression des copains. Patrick est dans les 200 premiers. Consultation suivante : il a perdu 140 places environ entre Arnuva et la Fouly ! C’est bizarre. Le téléphone sonne. C’est Sophie. Patrick abandonne. Il est tétanisé. Il ne peut plus bouger les jambes.
De ce fait , les filles n’iront pas à Champeix. Je laisse un message à Edouard sur son portable pour qu’ils ne les cherchent pas.
Patrick arrive en se déplaçant avec de très grandes difficultés. Connaissant Patrick qui est surnommé Speedy Gonzalès tellement il est actif et court dans tous les sens, c’est impressionnant. Il a l’air de faire une sorte d’œdème au niveau des jambes.
Edouard et Dominique poursuivent leur chemin. Ils sont passés à Arnuva et au Grand col Ferret. Edouard arrive à 19h34 à La Fouly au bas de la descente du col Ferret. La fiche de Dominique n’est pas mise à jour, son temps de passage n’est pas indiqué. Il y arrive à 20h06. Il a perdu 30 minutes sur Edouard dans la descente. Ce n’est pas normal. Que se passe t’il ? Son temps prévisionnel pour le point de passage suivant n’est pas indiqué au contraire de celui d’Edouard. Je crains qu’il ne se soit arrêté. Il n’appelle pas. Peut être n’a t’il pas l’option international sur son portable ?
Il est 23 heures. J’éteins la lumière pour m’endormir. Mon portable sonne. C’est Dominique. Il a abandonné à La Fouly comme l’année dernière ! Il est dans la navette, il vient de passer la frontière et sera à Chamonix dans 15 minutes. Je vais le chercher.
Dimanche matin, au petit déjeuner, la salle à manger donne l’illusion d’un poste pour grands blessés tellement les démarches sont hésitantes. Il ne reste plus qu’Edouard en course comme l’année dernière. Visiblement, il maintient une bonne allure Il va falloir que l’on s’active si on veut le voir arriver. Dimanche 11 heures 35, le voilà qui passe la ligne d’arrivée.
Bravo. On continue à suivre Didier et les autres. Bravo à vous tous.
Je voulais savoir si j’étais capable de faire cette course. Je ne le sais toujours pas. Est ce raisonnable de vouloir la faire ? Mes blessures depuis 2 ans (pubalgie, tendon d’Achille) ne sont elles pas la cause de ces 2 échecs compte tenu des périodes de repos que j’ai du observer ? De toute façon, je n’ai plus les points nécessaires pour m’inscrire puisque ceux ci datent de 2007.
Sauf que je regarde le site et consulte les modalités d’inscription pour 2010. Pourquoi je n’en sais rien. Malheur ! Pour 2010, il faut avoir 4 points acquis sur des courses réalisées sur les années 2007 – 2008 et 2009.
Le débat interne est ouvert !! 
Bon courage à moi !!

Compte rendu (CR) UTMB2009 rédigé par François

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