mardi 8 septembre 2009

UTMB 2009 - récit de la course d'Edouard


Pour le meilleur et surtout le pire


Me voici sur mon clavier, pour revivre ces moments forts de L'UTMB 2009, celui-ci fut pour moi la révélation de l'année, car avec pas mal de soucis tant familiaux et un énorme changement professionnel, le doute était installé dans ma tête.
La préparation ne fût pas celle de l'an passée, moitié moins de temps consacré, sur un laps très court, environ un mois seulement, donc j'avais de bonnes raisons de douter.

De plus à cela, un genou en vrac au Trail de Saint Cyr le 15/08 et je me suis décidé à consulter un osthéo qu'à j-5 et un manipulateur à j-2 du départ.
Donc fini la préparation, tout du moins physique, commençait là maintenant la préparation mentale.
De mon entourage, c'était inconscient de prendre ce départ, mais il est clair que je n'en fait qu'à ma tête et ce Départ de L'UTMB si mythique, si envoûtant, si extraordinaire, magnifique, qui avec un billet d'entrée, vu la difficulté pour obtenir les "points" d'inscription , le raterait? En tout cas pas moi.

L'UTMB à tout prix, mais à quel prix, il faut être un peu fou , mais qui ne l'est pas dans ces moments forts?
du dépassement de soi-même, d'atteindre ses dernières limites et surtout se faire mal pour exalter ensuite.
Pour l'avoir connu 4 années consécutives(2 fois la CCC et 2 fois L'UTMB) pour rien au monde ,je ne souhaitais voir partir mes copains sans moi.
Nous voici au jour "j"
Et la pression montait, sur cette mythique ligne de départ, réunis avec mes trois copains,
pour le meilleur et surtout le pire qui nous attendait.
L'anxiété nous envahissait, cette folle ambiance du départ nous envoûtait et la lueur de nos yeux brillait, nous étions solidaires mais conscients que certains de nous ne franchiraient peut-être pas cette ligne d'arrivée, mais le but était bel et bien de finir pour savourer cette joie que connaissent tous les finishers, et le chaleureux public qui nous accueillait.
Le grand départ fut donné, nous étions porté par l'ivresse, avec plus rien dans la tête, Patrick G le premier s'envole, nous restons ensemble avec François, Dominique, et parcourons un bout de chemin, un grand bout de chemin, la première nuit fût terrible, un brouillard épais ,à couper au couteau et un froid de canard, ceci ne facilitait pas la tâche, déjà bien relevée.
Mais nous avons franchi la première étape, une nuit pénible, et la descente du col de la saigne dans le froid se fit au lever du jour.

Halte au ravitaillement, et dès le départ François accusait une douleur sur le devant du tibia, François ne se plaint jamais, donc je craignais le pire et quelques heures plus loin à Chercrouit, il décide de nous laisser partir avec Dominique, c'était pour lui une douleur morale, au vu de sa longue préparation et peine perdue, nous partions et je ne voulais pas me retourner.
J'ai souvent douté sur ma forme, mon genou m'empêchait de descendre, j'étais un "boulet" à traîner, mais les montées et le peu de plat, me faisait totalement oublier ma douleur et ce qui me rassurait ,c'est que cela ne s'amplifiait pas d'avantage.
De toute façon, me connaissant ça passe où ça casse, j'étais déterminé.
Dominique allait très bien, cela me rassurait, nous avons passé un peu de temps à Courmayeur et surprise François arrivait, mais avec la ferme intention de stopper son aventure ici, au même endroit que l'année passée, les années se suivent et ne se.......pardon parfois se ressemblent.
Nous le quittons avec Dom pour continuer notre galère, car l'ascension qui nous attendait allait nous mettre à rude épreuve.

De Bonati à Arnuva, Dom m'inquiétait un peu, un problème technique, un défaut de guêtre, ou plutôt l'agrafe sur le coup de pied le blessa et le contraint à se traîner péniblement jusqu'au grand col Ferret, on soignait ceci avec tout espoir de finir ensemble, mais il souffrait et une fois de plus me demanda de partir sans lui, sans me retourner, la rage au ventre et les yeux larmoyants, je décide de faire route tout seul avec la hargne de mes copains en prime.
Bis répétita, les années se suivent, et je confirme qu'elles se ressemblent, le scénario de l'an passé.
Je me suis juré que pour eux j'irai au bout, malgré cette douleur qui m'handicapait dans ces p....... de descentes
Je ne cessais de penser qu'il n'arrêterait pas, je le connais, comme moi, c'est un teigneux, mais il ne voulait pas que je le subisse et parfois les mots peuvent dépasser les pensées.

Me voici de la Fouly, à partir comme un dératé vers Champex, là un moment de détente afin de changer de vêtements, chaussettes et collant et je m'aventure dans cette satanée montée des Bovines, la plus terrible, parfois ,je me suis juré de ne plus jamais remettre les pieds ici.

Une nuit terrible de froid m'attendait, deux paires de gants et deux coupe-vent suffisaient à peine à me réchauffer.
Une fois le col atteint, sans répit je repars ,sans arrêt au ravito sur Trient, il est 4 heures du matin précises dans ma deuxième nuit et sans bailler une seule fois.
Quand je pense qu'au bureau je n'y arrives pas(à ne pas bailler.
Comme quoi le boulot c'est plus difficile.
Enfin à Trient
Même temps de pause, 5 minutes et la montée des Steppes, parcours modifié cette année plus long de montée que l'année passée et quelques noms d'oiseaux au passage pour les organisateurs que je murmurais dans ma tête, sans leur en tenir rigueur pour la beauté du site et la parfaite organisation.
Puis enfin la descente(aux enfers, encore modifiée et plus longue) après de longues heures sur Vallorcine, pour moi le but était proche plus que huit heures, et l'apothéose.

Vallorcine au petit matin 7h02,
le jour venait de se lever dans une descente aux enfers, que j'étais heureux de terminer, et l'accueil chaleureux à ce ravito toujours égal à la gentillesse de tous ces bénévoles.
Seulement 8 minutes d'arrêt et je fonce vers (aïe,aïe,aïe )

La flégère et la tête au vent,
le mauvais souvenir de l'an passé a laissé des traces, mais je ne réfléchis pas et je passe des concurrents par dizaines, des vrais automates qui ne parlaient plus un mot.
En sorte des sourds et muets.
Et la terrible montée jusqu'au point de contrôle m'a complètement anéanti, mais je sentais "l'écurie"et là plus rien ne pouvait m'arrêter
Je décide à ce moment là pour la première fois d'allumer mon tél portable et il n'arrêtait plus de biper.
J'écoute à une demie-heure de l'arrivée quelques messages, et j'apprends que Patrick avait abandonné à la Fouly, j'aurais tout imaginé, mais pas cela
Dominique aussi, j'ai été saisi de frissons et de regrets que les larmes m'en sont venues, et je me suis dit que pour mes copains, j'irai au bout
Je me sentais très bien, mais au fond de moi-même cette "victoire" je la leur devais, pour la hargne qu'ils m'ont transmis et l'honneur que je leur porte.

Puis l'approche de Chamonix se faisait entendre,
Cette foule à l'arrivée, ces gens qui scandent ton prénom, les pieds douloureux ne touchent plus terre,
Des ampoules énormes au bout des orteils qui ont éclatées à l'arrivée,
Et tu ne sens plus ton mal,
Et tu t'envoles pour franchir cette ligne magique, magnifique avec la musique qui te prends les tripes
Et les larmes que tu ne peux contenir.
Et là tu savoures, Tu pleures,
Tu ne retiens pas tes émotions,
C'est humain tout simplement.
Je regretterais toujours que Maryse n'est pas pu connaître ce moment là.
Quand je lis son récit je l'approuve, car elle à fait preuve d'un immense courage, une année sans chance.
Mais elle y parviendra, cela j'en suis sûr.
Et je lui transmets toutes mes félicitations ainsi qu'à tous les coureurs du Pec qui étaient présents.
Merci aussi, François de nous avoir permis de revivre ces moments forts de L'UTMB à travers ces récits.
Je me dis toujours que je ne recommencerais plus jamais,  mais c'est connu, la montagne, ça vous gagne.
Toutes mes sincères amitiés à tous nos amis les coureurs et pourquoi ne pas se voir pour vivre ces moments et s'exprimer ensemble.(Devant une bonne bière)

C'est la première chose que j'ai faite à l'arrivée,

 une BIERE.



EDOUARD BARROS - FINISHER UTMB 2009


En  41 h 05 mn 04 s
Classé 694 eme au scratch


et 89 eme V2 H

Compte rendu UTMB 2009 (CR) rédigé par Edouard

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