dimanche 6 septembre 2009

UTMB 2009 - récit de la course de Jacky


Le défi d’un quinca

Il est 7 H 30, Vendredi 28 Août,
je me réveille, les premiers passagers pour l’aiguille du Midi partent par le téléphérique.
Je pense à Gérard qui doit être prêt pour prendre le car pour Courmayer (Italie).
Je rejoins Eric qui se réveille aussi et nous prenons notre petit déjeuner. On parle configuration de sac à dos et de sac de dépôt que nous retrouverons à Courmayer.
Maryse et Serge passent dans la rue, je les invite à prendre un café. Nous discutons de chose et d’autre, alors qu’une certaine tension commence à monter chez chacun de nous. Heureusement un bon mot de Serge arrive à point nommé pour détendre l’atmosphère.
10 H, Gérard part pour son périple. Après, un petit tour à Cham (je dis Cham car c’est ringard de dire Chamonix), nous déjeunons avec Eric d’un copieux blanc de poulet nouille. Et, c’est l’heure de la sieste.
A 15 H 30, je termine mes sacs, je vérifie qu’il ne me manque rien, c’est sûr, je vais oublier quelque chose !…
Il est 17 H 30, nous nous rejoignons tous les 4 pour aller porter nos sacs au dépôt et prendre le départ.
Le départ
Un moment de haute intensité. nous trouvons une place dans la première moitié de la course (Christian, les 25 premiers rangs étaient totalement inaccessibles) avec Maryse et Didier, Eric est plus près de la tête de course, je crois. Les discours et les recommandations commencent entrecoupé de la musique de Vangelis. Puis, on avance un peu et le départ est donné.
On se croirait à l’arrivée d’une étape du tour de France à l’Alpe de Huez. Les barrières retiennent cette foule immense qui est là jusqu’à la sortie de Cham.
Entre Cham et les Houches, c’est relativement plat, cette portion de 8 km est une bonne mise en jambe.

Le premier coup de mou

La première ascension est là, sur le papier, une formalité : 7 km de montée avec 931 m de dénivelé + . Erreur, c’est la piste de ski qu’ils nous font monter. c’est une horreur !
Mon moral en prend un coup.

Enfin, c’est monté mais je m’étais imaginé cette portion plus simple. Je suis en nage, j’ai tellement transpiré dans cette montée, il faut que je me change et que je prenne la frontale car la nuit est tombée.
Maintenant, normalement, une descente, eh bien ! non, des montagnes russes jusqu’à St Gervais. Deuxième coup au moral.

Premier gros ravitaillement, je commence ma cure de coca-sel.
Il est presque 22 H, nous sommes encore tous les 3 car Maryse, nous a rejoint juste à St Gervais.
Direction les Contamines, je rumine, « tu vas arrêter, tu ne pourras pas le faire, t’as pas le niveau du con ».
Et puis, les Contamines sont là, tu ne peux pas abandonner là, allez, tu vas jusqu’au col du bonhomme et on fait le point.
On remplie les poches à eau, un coca-sel et un thé chaud et on repart.
Mais, où est Maryse ?
On revient sur nos pas et pas de Maryse à l’horizon, on décide de continuer pour ne pas être pris par les barrières horaires.

Voici, Notre Dame de la Gorge, il est minuit, il y a encore des gens pour nous encourager.
Et, c’est la grosse difficulté de la nuit, le col du Bonhomme.
Le col se découpe en 3 parties, une première jusqu’à La Balme qui se passe très bien, j’ai repris du poil de la bête, je monte bien et à un bon rythme. Ravitaillement de La Balme, vite fait car il fait froid et le brouillard a fait son apparition. La croix du bonhomme arrive après 1 H 40 de montée sur 5 km et 730 m de D+.
On ne voit pas à 3 m dans les derniers km du col et il fait froid à 2500 m car sous le gortex, je suis trempé. Une bonne heure de descente vers Les Chapieux, une descente relativement facile, je crois.
J’ai mis le phare de ma frontale car je voyais mieux pour descendre dans le brouillard toujours présent.
Les Chapieux, petit village sympa où nous nous sommes assis pour nous ravitailler.


Le deuxième coup de mou
Nous repartons vers 5 H, avec 1 H 15 d’avance sur la barrière, on est dans les temps.

Le col de La Seigne est à 11 km et 1000 de D+, fastoche 10%, deuxième erreur.
C’est interminable ! quand tu montes pendant 11 km et qu’après, chaque petit mont, tu te dis, le col est derrière mais c’est toujours derrière le prochain !…
Enfin, on finit par en voir le bout, le jour s’est levé et avec lui, un vent froid.
Nous avons assez vite rejoins Le lac Combal car on arrive encore à trottiner un peu.
On est en Italie. Le moral n’est pas mauvais, on a 2 H d’avance et l’objectif de 11 H à Courmayer est presque dans la poche, surtout que le soleil nous réchauffe. La montée vers l’arête du Favre se passe sans grande difficulté et nous pouvons descendre vers Courmayer en passant par le col Chérouit.
Il est 11 H, nous sommes à Courmayer avec 2 H 15 d’avance.

Le troisième coup de mou
Nous récupérons notre sac de dépôt et je commence par me changer et faire le tour des bobos.
J’ai 3 petits cailloux de coincés dans ma chaussure et ils m’ont écorché le pied, vite une rustine !...
Je mange une assiette de nouille (ça ne passe pas trop mal), un café et toujours mon coca-sel.
En route, vers la deuxième partie de l’épreuve, c’est la partie que j’ai fait l’an dernier (en partie seulement). On commence par monter au refuge Bertone : 1000 D+ sur 5 km.
C’est long, c’est pentu, il fait très chaud et pas un brin d’air.
Et là, l’envie de retourner à Courmayer me prend mais tout à coup, devant nous, le refuge est là !
Avec lui, une autre bonne nouvelle, on ne passe pas par la tête de la tronche, c’est que pour la CCC.
Alors direction le refuge Bonatti où l’on peut contempler les paysages magnifiques, de cette partie, un peu plus facile.
Bonatti : un ravitaillement rapide et nous repartons avec Didier.

A Anuva, nous avons de nouveau 2 H d’avance. Le grand col Ferret est là, la deuxième grosse difficulté de l’épreuve. Le vent est là lui aussi. A la moitié du col, on décide de se couvrir un peu car il fait de plus en plus froid et le vent souffle de plus en plus fort. Au sommet, c’est intenable, on se fait pointer et tout de suite, on entame la descente pour retrouver un peu plus de chaleur.
La Peule puis La Fouly arrive sans trop de problème, on a 3 H d’avance. Nathalie et Batiste sont la, ça fait du bien. Ils ont vu Eric et il marche comme un avion. Il est déjà passé à Champex. On repart avec Batiste vers Champex.
Jusqu’à Issert, nous marchons dans les bois ; nous avons remis les frontales.
Nous sommes en Suisse. La ville d’Issert est presque déserte. Nous arrivons en bas de Champex et apercevons la ville toute illuminée.
Champex, c’est 4 km de montée avec 500 m D+ dans les racines.
On y arrive avec 3 H d’avance donc on décide de dormir une heure. Le dortoir est fait de palettes recouvertes de matelas posés les uns à côté des autres. C’est un peu hard mais à la guerre comme à la guerre.
Je dormirai quand même une demi-heure, car au début je n’avais de couverture.
Le téléphone sonne, ce sont les copains qui veulent savoir où nous sommes. Pour eux, c’est le mariage, la fête et pour nous, ce sera BOVINE...

Les nouvelles voies

Après, une soupe et mon coca-sel, nous repartons vers Bovine 9 km et 500 de D+.
Nous traversons Champex et rattrapons une petite bretonne que nous invitons à partager notre chemin.
Elle ne se fait pas prier ; il fait nuit noire et c’est d’un lugubre.

Bovine, je connais, j’y suis passé l’an dernier sauf que cette année, l’organisation, ne nous fait pas monter par la même voie. Et, bien sûr, ce n’est pas une voie plus facile bien au contraire. Il faut escalader les rochers qui forment des marches de 60 à 70 cm en moyenne.
Enfin, le ravitaillement de Bovine est là, il fait froid, on ne s’attarde pas.
Direction Triend, on monte encore puis descente vers le col de Forclaz qui est une partie interminable dans les racines ensuite une descente assez rapide vers Triend. On a une heure et demi d’avance, ça commence à sentir bon. Ravito et direction Catogne, je connais, j’y suis passé l’an dernier.

Eh ! oui, mais, re belote, ce n’est pas le même chemin, c’est 700 m D+ sur à peine 3 km. Mais, le moral est la ! et ça passe.
Nous arrivons à Vallorcine par une descente très technique et très cassante, on ne prend pas de risque maintenant. Nous retrouvons le mari de notre nouvelle équipière. On est gonflé à bloc.
On repart vers le col des Montets 700 D+ sur 4 km. Au bas du col, il fait chaud, on met des tenues un peu plus légères.

Après, une petite pose au col des Montets, nous repartons vers la tête aux vents et là, surprise, le chemin a été arrangé, c’est un sentier presque sans pierre, un régal. Batiste, nous rattrape, il a fait la montée derrière nous. Quelques photos souvenirs avec le Mont Blanc en fond puis nous repartons vers la Flégère. C’est une transition où il ne faut pas se déconcentrer car c’est un peu dangereux et piègeux.
Au abord de la Flégère, je retrouve un paparazzi qui me mitraille, je suis trop content de le voir là : c’est Gérard le héros de la veille qui a changé son costume de trailer pour celui de paparazzi. Un peu d’eau dans le camel-back et un dernier coca-sel en route vers la dernière descente. Catherine et Nathalie sont aussi à La Flégère, c’est sympa. La descente se fait gentiment avec notre petite bretonne qui est au bord des larmes tellement ses ampoules la font souffrir, mais elle est courageuse et tenace.
Nous arrivons enfin et une haie de spectateurs est là pour nous accueillir sur les 2 derniers kilomètres.

C’est une ovation pour chaque arrivant.
L’émotion m’envahi au passage de la ligne, ce sont des embrassades, c’est impensable, on l’a fait.
Puis, le rêve de plusieurs heures, une bonne bière coule dans ma gorge saturée de sucre, ça fait un bien fou...


Jacky QUEREAUX FINISHER UTMB 2009
En 44 h 34 mn 52 s
Classé 1 146 eme au scratch
et 179 eme V2

 CR Compte rendu UTMB2009 rédigé par Jacky

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