jeudi 10 septembre 2009

UTMB 2009 - Récit de la course de Jean



Un périple peut en cacher un autre

Alors à mon tour, voici mon récit de l'UTMB 2009.

Mon périple à vélo s'est continué après Pralognan.

Je suis reparti du lac de Paladru pour rejoindre Ampuis,
puis Clermont-Ferrand, Brives, Albi, Montpellier, Aix-en-Provence,
Valence, Grenoble, Albertville et Chamonix.
L'arrivée sur Chamonix est compliquée à vélo, passage obligé par Servoz  puis par Vaudagne.Vaudagne, je vous conseille à vélo... On est content d'arriver à Chamonix.


Mon arrivée sur Chamonix se fait donc le 19 Août.  Je souhaitais être en avance pour pouvoir faire une partie du parcours en rando et être ensuite en famille la semaine suivante.
Je pars donc en rando de Chamonix le 21 au matin direction, le refuge de la croix du bonhomme.
J'ai décidé de suivre le parcours UTMB. Pffff, que ce fut long. L'arrivée au refuge est une délivrance, mal aux pieds. Je me dis que c'est un mal pour un bien dans la mesure où dans mon périple à vélo, je n'ai couru que 5 fois depuis le TGV.

Le lendemain, direction Courmayeur pour prendre un bus pour le retour à Chamonix. Il fait chaud et le mal aux pieds n'est toujours pas parti. Le verdict tombe, mes chaussures de trail sont foutues. On est samedi, la course est le vendredi suivant.

L'achat de mes nouvelles chaussures se fait le lundi. Elles sont testées le mardi pendant 45 minutes le long de l'Arve. Toujours une petite pointe au genou  droit liée aux changements de position lors des descentes, consécutifs au mal de pieds. Le repos total est décrété. J'avais fait la même pour le trail des aiguilles rouges. Achat des chaussures la veille, pour une arrivée sans trop de problèmes.

Nous voici donc le vendredi
.
Bonne nuit de sommeil, je dors en fait mal la veille de course quand celle-ci est le matin de bonne heure. Là, on part à 18h30, pas de souci particulier. Je m'habille pour la course et direction le départ vers 16h30 accompagné de ma soeur, mon beauf et ma petite nièce. Je donne mon sac qui, je trouve, n'est pas très plein par rapport à d'autres. La tension monte petit à petit en croisant les traileurs harnachés comme des pros. Moi, je n'ai ni bâtons, ni chaussettes booster et suis sponsorisé par Décathlon. :).

Dans l'attente du départ, j'ai mon téléphone qui vibre et là, surprise, c'est François qui m'appelle pour me demander si j'ai vu les copains. "Heu, François, on est 2300 sur la ligne de départ... :)". Ça m'a fait chaud au cœur qu'il m'appelle.
Je vois, Marco OLMO, Dawa SHERPA et le nouveau roi Killian JORNET qui n'arrête pas de serrer des louches.

Puis vient le départ,
avec Vangelis qui me serre toujours autant les tripes. Je m'imagine passer la ligne d'arrivée comme l'année dernière lors de la CCC. Ça bouchonne sévère, mais la foule avec ses encouragements est bien présente, une vraie haie d'honneur, je suis heureux d'être là. Tout va bien. J'ai bien sûr chaud car je suis habillé pour la nuit (hors coupe-vent). Je retrouve ma petite famille vers le camping des marmottes, le long de l'Arve. Je m'arrête pour faire
un bisou, tout va bien, on est un peu serré. Arrivé aux Houches, je ne m'arrête pas au ravito. Je sais ce qui nous attend dans la montée vers le col de la Voza. J'ai l'avantage de connaître le parcours jusqu'à
Courmayeur.
La nuit tombe et les premières personnes se mettent à se changer. Les lucioles arrivent :). La descente vers St Gervais est assez technique avec des passages dans l'herbe. Je double doucement du monde. L'arrivée à Saint Gervais est vraiment sympa, beaucoup de monde. On est au km 21. Je me gave comme une oie, je le paierai un peu plus tard avec des petits problèmes de digestions mais rien de grave.

Ensuite direction Les Contamines,
il fait froid au bord de la rivière, pas de problèmes particuliers, je reste concentré sur ce qui arrive, à savoir La Balme puis la Croix du Bonhomme. Je sais qu'en arrivant à la Croix du Bonhomme, on n'est pas arrivé au refuge. Il fait froid, il y a un brouillard de fou, d'ailleurs, dans la descente, je ne vois même pas le refuge. J'arrive au Chapieux à 3h30. Mon père et ma belle mère sont là malgré mon avance sur mon planning : 4h00. Je discute 5-10 minutes avec eux puis direction la ville des glaciers (bof, bof, ce bitume). Je me fais doubler dans la légère montée.
Je ne comprends pas. Sur le plat ou lorsque ça monte, si je marche, j'ai toujours l'impression de me traîner par rapport à mes concurrents. On se tire un peu la bourre. Dans la montée du col de La Seigne, c'est toujours le brouillard. Un de mes collègues de course « dépose les armes » en se posant sur un rocher. Le soleil se lève dans la descente vers le lac Combal. Je suis content d'être au ravito. Le froid a fait son oeuvre. Je ne suis pas au top. Je repars mais trottine très légèrement alors que c'est tout plat pendant 3 bornes, je pense.
La montée vers l'arête Mon Favre n'a rien de fou fou, elle est douce et se fait bien. La vue sur la montagne est magnifique. C'est à partir de là que je commence à aimer le paysage car avant c'est routes, autoroutes et bruits.

Je m'arrête au refuge du Col Chécrouit.

Quelques misères gastriques. L'achat d'un slip un peu lâche me cause quelques soucis. En arrivant à Courmayeur vers 9h20, je retrouve mon père et ma belle-mère, fidèles au poste. Je n'ai pas aimé la descente vers Courmayeur, début d'échauffement des pieds et pointe au genou.
Je me change complètement sauf les chaussures. Je repars à 10h00. Tout va bien,  je double pas mal de monde, à part les petits bobos cités, les jambes tournent bien. Je sais que la montée vers Bertone est longue mais pas trop dure. Au refuge Bonati, je retrouve une copine de ma soeur, Sabine, infirmière bénévole ainsi que son copain Jean-Yves qui avait débuté la Petite Trotte. Il fait chaud mais le vent me rafraîchit bien. Je continue de boire 50 cl d'eau + du coca. La soupe est toujours aussi bonne. Avec du sel, bien sûr. Le mal de genou est de plus en plus présent et j'ai l'impression d'avoir une ampoule sous le pied. Je fais la descente jusqu'à Arnuva avec Jean-Yves. La fin a été vite, vite. Sympa mais peut être pas le plus sérieux. Je me ravitaille bien je pense.

Lors de la CCC l'année dernière, la montée vers le grand col Ferret avait été dure, dure. Là, je sais qu'il faut être patient. Je me fais doubler par une fusée sans bâton, hyper impressionnant. Pour le reste, je suis dans mon rythme, je suis un couple qui monte bien, enfin à mon rythme. Je le double dès le débutde la descente vers la Fouly. Je pense que trottiner me va mieux que marcher car je suis moins sur la retenue et mon genou me fait moins mal. En arrivant à la Fouly, je prends le temps de m'hydrater, de manger et de répondre à des SMS. Ce que c'est bien d'être encouragé.
En repartant, je sais que Les Chapieux ne sont plus très loin mais qu'il y a une belle montée avant d'y arriver. J'avais fait l'erreur sur la CCC 2008 de ne pas bien lire le road book. Cette montée fut un calvaire. Là, c'est dur mais je sais à quoi m'attendre. C'est hyper important pour le moral, je crois, de connaître le parcours.

Au Chapieux, surprise !
Ma soeur et mon père sont là. Il est 20h30. J'ai pris du retard sur mon estimation grossière. Je pensais arriver vers 20h00. Je mange mes pâtes, deux fois, car c'est bon les pâtes ☺. J'ai vraiment mal au genou et
aux pieds. Je décide d'aller voir le staff médical : Bombe de froid sur le genou et . pas d'ampoules, rien, c'est juste l'impact de la plante des pieds qui me donne l'impression d'avoir une ampoule géante. Le docteur me demande si je suis tombé : « NON », changement de chaussure ? « Oui, en début de semaine ». Verdict
sans appel, cela vient de là, les chaussures ne se sont pas faites, mon corps n'est pas habitué. Les boules.
Je repars vers 21h20, mais je sens que c'est dur. Mon soutien étant là, je me dis que je ne peux pas abandonner là, la douleur est supportable et il ne reste « que » 43 km. Après un long chemin bien plat, la montée vers Bovine est un enfer. Je m'arrête souvent, je prends même des bâtons dans la forêt, à chaque
pas soit mon genou me fait mal soit ma cheville, soit les deux. Je souffre vraiment le martyre. En plus, c'est la nuit, on se caille toujours autant les miches et évidemment ça revient fort de derrière. Je m'en fous, j'ai alors 16h30 pour faire 38 km.
La descente vers Trient est du même acabit, les racines, les escaliers. Mes piles me lâchent et je me rends compte que j'ai oublié ma frontale de rechange. J'ai bien mes piles de rechange mais il fait vraiment
noir. Une personne s'arrête pour me permettre de les changer. Cool. Je repars et enfin Trient. Il est 3h20.

Dans la descente, on me demande fréquemment si je suis tombé. Il y en a même un qui, lui, l'année dernière, avait eu le genou en vrac mais qui avait fini (en marchant même en arrière pour soulager son genou). Cela me remonte le moral.
J'ai mis 6h15 pour faire 15 bornes. Je suis vidé. J'arrive au staff médical, bombe de froid. Je décide de dormir une heure dans un faible espoir que mon genou dégonfle et puisse reprendre sa marche en avant. A 4h45, je souffre terriblement rien que pour me lever. Le doc décide de me rallonger me donne un Codoliprane. Au bout de 20 minutes, je lui dis que cela ne change rien. Il me donne un autre médoc et décide par la même occasion de me perfuser, il me trouve palo. Cela fait 7h30 que je n'ai rien mangé. Il est maintenant 5h30, la perf me fait du bien. Le genou me fait moins mal. J'essaie de me lever de mon lit, le genou ne veut plus se plier. Je reprends mes bâtons de vieillesse et me dirige vers la table des commissaires. Abandon. Je m'y résous car je sais que pour les 28 bornes qui restent, je ne peux les faire sans mettre en jeu mon genou. On se
moque gentiment de mes deux bâtons. Je me dirige ensuite vers le ravito, je mange un peu, glane un beau bonnet violet donné par l'organisation puis clopin clopant vais prendre le bus pour Chamonix.
Je croise mon acolyte qui avait « lâché » dans la montée du col de la Seigne. Je lui avais mis 3 heures dans la vue. Suis-je parti trop vite ? Je ne crois pas. La fatigue fait que je ne suis pas trop triste, je sais que je ne pouvais pas aller plus loin. Ce qui est dommage, c'est que j'étais dans une forme terrible. Je pense avoir été dans les temps de 38h00. Je ne saurais jamais. Le pire, c'est que cela est lié à une histoire de matériel, car pas une ampoule, et je n'ai pas eu une courbature aux jambes pour 138 km et 7700 m+. Le vélo a du bon, c'est sûr.
J'avais fini la CCC 2008 sur les rotules, là je suis fatigué, déçu et j'ai mal au genou. Au bout de trois jours, le genou et mes chevilles ont dégonflé. Tant mieux, je n'aurai pas de séquelles, je pense.
L'année prochaine, peut-être, je prendrai des bâtons et je m'achèterai deux paires de chaussures. Le record du PEC devrait tombe.

Merci à mes soutiens durant la course aussi bien ceux qui étaient présents physiquement que les nombreux SMS envoyés.
Cela fait un bien fou d'entendre la petite sonnerie en plein milieu de la nuit.

Salut à tous.

Jean.

Compte rendu (CR) UTMB2009 rédigé par jean

7 commentaires:

  1. Bravo Jano,
    Que ca ne devienne pas une habitude d'acheter les chaussures juste avant la course, même si ça avait bien marché aux Aiguilles Rouges (mon salaud, qu est ce que tu m'avais mis). Tu n'auras pas de regrets, tu es allé au bout. L'important est que tu récupères bien.

    A très bientot Michton

    Mathieu

    PS: de mon coté, un peu de remise en forme,tranquillou mais les sensations reviennent...

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  2. Comme écrit en mail perso, je suis scotchée brother, félicitations car même s'il y a eu abandon il y a eu du sport et un beau challenge!!

    Biz,

    Delphine & co

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  3. BRAVO ... d'aller jusqu'au bout de soi c'est aussi mieux se connaître. Ton genou t'a fait "'abandonner" , ce fut très raisonnable, tu as pris LA bonne décision. Tu sais ce que tu peux faire et devra faire l'an prochain... histoire de matériel. Tu es MON SUPER CHAMPION.
    Une admiratrice (que tu dois reconnaître)
    Bisous
    M

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  4. Bien joué jano, c'est quand même pas mal ce que tu nous as fait. L'année prochaine tu nous achètes tout ce qu'il faut 2-3 mois avant le départ (chaussures, batons, un sac bien rempli...) :-)

    Et ce record, Jano, je te le laisse. C'est clair que je n'arriverai pas à le battre !!

    A+ mec

    Nicolas

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  5. C'est très émouvant de lire tes impressions. C'était aussi très émouvant de voir, d'encourager toutes ces super coureuses et super coureurs qui se dépassent, chacun à leur façon.

    Bravo encore à toi! Tu as su t'écouter ce qui n'est pas toujours évident quand le challenge est si important.

    A l'année prochaine (?),
    Fabienne

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  6. c'est un très beau challenge, très émouvant
    je suis très fière de toI.
    ta cousine isa

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  7. Le Pec sera l'année prochaine sur la Diagonale des fous.
    Tu auras donc en 2010 le champ libre pour battre le "recod" du pec.....
    Encore merci pour ton récit et bravo pour ton (tes) peériple.

    A bientôt
    Toutes mes amitiés vélocipédiques.
    François

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